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alain de benoist - Page 45

  • Alain de Benoist : « Ce n’est pas la puissance des États-Unis qui est atteinte, mais leur certitude morale… »

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les États-Unis et la présidence Trump... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « Ce n’est pas la puissance des États-Unis qui est atteinte, mais leur certitude morale… »

    Depuis son accession à la Maison-Blanche, nos médias donnent dans le « Trump bashing » systématique. Il n’empêche qu’à la lecture de Fire and Fury, livre qui vient de lui être consacré, une question brutale se pose : Donald Trump est-il fou ?

    Je ne sais pas s’il est fou, mais ce qui est sûr, c’est qu’il paraît complètement cinglé. Vous vous rappelez sans doute que, dès avant son élection, j’avais pris soin de distinguer le « phénomène Trump », phénomène populiste traduisant le ressentiment des « angry white men » vis-à-vis de l’establishment, qui me paraissait très positif, et le personnage même de Trump, vis-à-vis duquel je nourrissais des sentiments pour le moins partagés. J’ai vu, ensuite, une certaine droite plonger dans la « Trumpmania », ce qui ne m’a pas paru plaider en faveur de ses capacités d’analyse. Depuis lors, il n’y a pratiquement pas de jour où, dans sa façon d’être comme sa façon de faire, « The Donald » ne donne l’impression d’être un grand caractériel égocentrique, immature, inculte et paranoïaque, à quoi s’ajoute l’incompétence d’un homme qui n’a d’autre expérience de la politique que l’immobilier et la télé-réalité.

    Entendons-nous bien. Je ne regrette pas un instant la défaite de l’abominable Hillary Clinton. Je ne dis pas, non plus, que tout ce que fait Trump est nécessairement négatif. Je tiens compte, aussi, de la mauvaise foi de ses ennemis, pour lesquels je n’éprouve pas la moindre sympathie. Cela dit, les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis, et les critiques d’un Steve Bannon ne sont quand même pas à négliger. Au passif de Trump, je mettrais personnellement sa politique fiscale essentiellement favorable à Wall Street (« business first »), son indifférence monstrueuse pour les problèmes d’environnement, et surtout sa politique étrangère qui vise apparemment à créer un axe américano-israélo-saoudien opposé à l’axe Moscou-Damas-Téhéran, en privilégiant les sunnites contre les chiites. S’ajoutent à cela les menaces de guerre qu’il fait peser contre l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord, voire la Russie, à la façon d’un Docteur Folamour lancé dans une lamentable guerre des boutons (« C’est moi qu’ai le plus gros ! ») avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un qui, malgré tous ses défauts, apparaît, à la limite, comme presque moins cinglé que lui !

    Donald Trump, en définitive, est un homme essentiellement imprévisible. Or, c’est sans doute ce qu’il y a de pire en politique. Un chef d’État imprévisible peut faire le pire comme le meilleur. Mais ce qui est impossible, c’est de lui faire confiance.

    Les récentes équipées militaires américaines se sont toutes soldées par des échecs. En contrepoint, la Russie, la Syrie et l’Iran n’ont cessé de marquer des points. S’ajoutent à cela les difficultés intérieures du pays. Le colosse américain aurait-il des pieds d’argile ? Pourrait-on même parler de déclin des États-Unis ?

    Les difficultés que traversent aujourd’hui les États-Unis sont probablement parmi les plus sérieuses qu’ils ont connues depuis des décennies. En dépit d’un budget militaire supérieur à tous les autres budgets militaires de la planète, ils n’ont pas gagné une seule guerre depuis plus de quarante ans, leur armée est présente partout mais victorieuse nulle part (ils sont simplement parvenus à raser le Proche-Orient), leur dette publique atteint des sommets sans précédent et leur part dans le PIB mondial a chuté de plus de 20 % depuis 1989. Cela dit, je crois que ce serait une grave erreur d’en conclure que leur hégémonie est en passe de s’effondrer. L’expérience historique montre qu’il ne faut jamais sous-estimer les Américains, qui restent quand même la première puissance politique, militaire, économique et technologique de la planète. Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que leurs capacités d’expansion impériale semblent avoir atteint leurs limites, et surtout qu’ils sont moins disposés, au moins pour l’instant, à se présenter comme la « nation indispensable » dont parlait Madeleine Albright, c’est-à-dire comme les gendarmes d’un monde où ils auraient pour vocation d’imposer leur modèle. On pourrait dire, de ce point de vue, que ce n’est pas leur puissance qui est atteinte, mais leur certitude morale. C’est leur capacité et leur volonté de parler au nom du monde entier qui a disparu.

    Après la Méditerranée et l’océan Atlantique, le centre de gravité politique s’est depuis longtemps déplacé dans le Pacifique. Quid de l’Europe dans ce jeu aux cartes désormais rebattues ?

    Bien sûr que la façade Pacifique est essentielle. Mais depuis des décennies qu’on le répète, ce serait, là aussi, une erreur de croire que les États-Unis peuvent se désintéresser de l’Europe et du Proche-Orient. Ils savent que le XXIe siècle sera plus probablement un siècle chinois qu’un siècle américain, mais ils savent aussi très bien que l’Eurasie reste le centre géopolitique du monde. Quant à l’Europe, elle est comme d’habitude aux abonnés absents. Mais on note, cependant, que l’atlantisme n’est plus le réflexe automatique qu’il était au temps de la guerre froide. Il n’y a plus de mystique de l’atlantisme. Le refus des États européens de suivre Trump dans son projet de remise en cause de l’accord nucléaire iranien est, à cet égard, révélateur. Même les Européens semblent avoir intégré le fait que le monde est devenu multipolaire et que l’Amérique n’est plus nécessairement le pays qui donne le ton. C’est déjà très important.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 23 janvier 2018)

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (39)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Frédéric Lordon développe une excellente argumentation à propos des fake news, dernière trouvaille du « système » pour cadenasser un peu plus la liberté d’expression. « Tout le discours de la politique Macron et tous les médias qui le soutiennent sont eux-mêmes d’intense propagateurs de fake news… », dit-il. Le fait qu’il n’y ait qu’une seule vérité consonne avec cette autre proposition suivant laquelle « il n’y a pas d’alternative ». Le mythe de la seule vérité comme l’absence supposée d’alternative est une clôture des choix possibles et un refus de la libre délibération. L’obsession autour des fake news est le symptôme d’une crise manifeste de légitimité des autorités qui ne font plus autorité. C’est ainsi que le thème récurrent de la post-vérité aboutit à la pseudo-fin des idéologies et à un monde dépolitisé. La « lecture renversée » du « gauchiste » Lordon est en tous points coruscante :

     
    Sur cette chimérique histoire des fake news on lira du même Frédéric Lordon son article désopilant dans son blog du Monde Diplomatique, « Macron décodeur en chef », qui rappelle cette célèbre apostrophe de Guy Debord « Dans le monde réellement renversé le vrai est un moment du faux » (La Société du spectacle, 1967)  :
     
     
    Dans le cadre de de la campagne un brin hystérique lancée contre les fake news, Google a déjà supprimé 150 000 comptes YouTube entre juin et décembre 2017 et les comptes Faceboook suivent la même pente. Alors que Twitter s’engage dans une voie identique l’Union européenne félicite ces entreprises américaines pour leur « civisme » dans leur programme de « lutte contre les contenus haineux ». Traduction libre de cet élément de langage : il est désormais interdit de critiquer trop vivement l’impolitique européenne :
     
     
    Dans une tribune du Figaro Vox Renée Fregosi s’en prend à « radicalisation », un mot qui ne dit rien que d’extrêmement vague. Selon elle ce choix sémantique dissimule une attitude lâche qui préfère masquer la réalité islamique plutôt que de l'affronter. La philosophe, elle, désigne l'ennemi sans complexe. Encore faudrait-il savoir qui a fait entrer cet ennemi dans nos murs et pour quelles raisons. Bizarrement c’est un question qu’on ne pose jamais :
     
     
    Entretien de Paul-François Paoli avec Edouard Chanot sur Radio Sputnik à propos de son livre « L’imposture du vivre-ensemble de A à Z » (L’Artilleur, 2018) :

    https://www.youtube.com/watch?v=NXYCy5BqROo

    Quatrième de couverture du livre de Paul-François Paoli. Ce livre comporte près de 300 entrées qui constituent un panorama de la vie intellectuelle française et de ses enjeux idéologiques. Parmi elles, une chronique très laudative est consacrée à Alain de Benoist et à la revue Éléments  :
     
     
    Olivier Maulin sur l’affaire Céline :
     
     
    Eric Zemmour en débat défend la liberté d’expression sans restriction et oppose l’état de droit à la démocratie. Au cours du débat le chanteur Cali se casse du plateau ne pouvant supporter plus avant les discours d'un Zemmour qui ne donne pas dans le repentir :
     
     
    Du porc matin, midi et soir. Jean-Paul Brighelli réagit avec beaucoup de drôlerie aux campagnes d’intimidation lancées par les chiennes de garde contre les mâles blancs hétérosexuels. Autant de tartuffettes qui 
    s’emparant de la « parole libérée » entendent surtout faire parler d’elles aux bénéfice d’un rapport hommes/femmes toujours plus psychiatrisé et plus judiciarisé.
     
     
    Fort du succès rencontré par ses « Conversations » avec Alain de Benoist, Paul-Marie Coûteaux nous emmène cette fois au château de Plieux à la rencontre de l’essayiste et écrivain Renaud Camus. Une série de 
    six épisodes pour une rencontre de haut vol où se mêlent culture, littérature, histoire, patrimoine et politique. Nous devons ces brillantes conversations à TV-Libetrtés. Ici le quatrième épisodes :
     
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  • La recomposition du paysage politique en marche...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la recomposition du paysage politique français provoquée par l'élection d'Emmanuel Macron... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « L’élection d’Emmanuel Macron a été un véritable fait historique, parce qu’elle a entraîné une recomposition générale du paysage politique »

    Depuis quelque temps, vous vous faites un peu rare sur Boulevard Voltaire. L’actualité politique ne vous inspire plus ?

    La politique n’a jamais été mon principal centre d’intérêt, et je la trouve en général extrêmement ennuyeuse. Je n’aime pas, non plus, répéter ce que d’autres ont déjà dit : faire du commentaire de commentaire, toujours à propos de péripéties qui, dans trois mois, auront été complètement oubliées, je trouve que c’est une perte de temps. Beaucoup de gens sont des réactifs, qui ne perdent pas une occasion de manifester leurs obsessions. À la réactivité, je préfère la réflexivité. En politique, les seuls événements dignes d’intérêt sont ceux qui ont une certaine portée et qui nous disent quelque chose de l’avenir.

    Alors, quelles sont aujourd’hui les tendances lourdes ?

    L’élection d’Emmanuel Macron a été un véritable fait historique, parce qu’en mettant fin au clivage droite/gauche tel que nous le connaissions, elle a entraîné une recomposition générale du paysage politique comme on n’en avait pas connu en France depuis cinquante ans. Cette recomposition n’en est, aujourd’hui, qu’à ses débuts. Toute la question est de savoir si Macron, qui n’a pas fait de faute majeure jusqu’à présent, pourra imposer durablement son bloc contre-populiste et libéral-libertaire ou si, à la faveur de quelque événement imprévu, son projet va capoter. Pour l’heure, plus il se tourne vers les centristes, et plus il dégage à gauche un espace que Mélenchon n’a pas encore préempté. Laurent Wauquiez, dans le même temps, n’a de chance de tirer son épingle du jeu qu’en s’employant à rendre irréversible la coupure entre les conservateurs et les libéraux.

    Une autre tendance lourde, à laquelle on n’attache pas assez d’importance, c’est la décomposition progressive des classes moyennes, qui se retrouvent aujourd’hui de plus en plus menacées de déclassement. Les bénéficiaires de la mondialisation ont, jusqu’ici, bénéficié du soutien de deux secteurs protégés : les fonctionnaires et les retraités. Or, les fonctionnaires sont en passe de perdre leurs « privilèges » et les retraités, qui ont largement voté pour Macron, sont les principaux perdants des dernières réformes fiscales. Les puissants savent très bien que nous ne sommes plus à l’époque des Trente Glorieuses qui avaient vu enfler les classes moyennes parce que tout le monde finissait par bénéficier peu ou prou des profits accumulés au sommet de la pyramide. Aujourd’hui, la pyramide a cédé la place au sablier : les profits ne redescendent plus jusqu’à la base, les pauvres sont de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux, et les plus riches cherchent à rafler la totalité du gâteau parce qu’ils voient bien que sa taille ne cesse de diminuer.

    Le « capital culturel », disait Bourdieu, joue autant que le « capital économique ». Une grande partie de la moyenne bourgeoisie se sentait, jusqu’ici, en état d’insécurité culturelle, mais non d’insécurité sociale : en clair, elle déplorait l’immigration, mais ne craignait pas pour son pouvoir d’achat, son patrimoine ou son statut social. C’est elle qui a voté pour Fillon, alors que les classes populaires l’ont boudé. Le Front national, au contraire, a surtout recueilli le vote des classes populaires de la France périphérique, c’est-à-dire de ceux qui se sentent à la fois en situation d’exclusion sociale et d’exclusion culturelle : non seulement ils sont frappés par le chômage, mais ce sont eux qui subissent de plein fouet les conséquences de l’immigration. La tendance actuelle devrait logiquement faire basculer une grande partie de la classe moyenne vers les classes populaires. Exclusion sociale et exclusion culturelle vont donc s’ajouter l’une à l’autre dans des proportions croissantes, ce qui va faire s’évaporer une partie de la majorité actuelle. Peut-être est-ce ainsi que l’alliance des conservateurs et des populistes pourra se réaliser.

    Quelques questions plus anecdotiques, quand même. L’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?

    Comme Philippe de Villiers, je me félicite de l’abandon de ce projet aussi destructeur qu’insensé. Et permettez-moi d’ajouter, pour être franc, que j’ai beaucoup plus de sympathie pour les « crasseux » zadistes que pour le très convenable PDG du groupe Lactalis !

    L’offensive contre les crèches municipales ?

    Nous en avions déjà parlé l’an dernier. Tout le monde sait qu’il y a deux sortes de laïcité : celle qui réside dans la simple séparation de l’Église et de l’État : l’État reconnaît tous les cultes, mais ne s’identifie à aucun, formule qui jusqu’à une date récente satisfaisait tout le monde. Et puis, il y a le fanatisme laïciste qui prétend privatiser intégralement la foi en interdisant le moindre signe religieux dans le secteur public, ce qui est à la fois impossible et absurde. La grotesque offensive contre la tradition à la fois religieuse et culturelle 1 des crèches municipales relève évidemment de la seconde catégorie. Il en va de même de la croix de Ploërmel – même si, à titre personnel, je la trouve absolument hideuse tant elle écrase par sa disproportion la statue placée en dessous d’elle !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 janvier 2018)

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  • Demain, tous cons ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°170, février-mars 2018) est disponible en kiosque.

    A côté du dossier consacré à la baisse du QI dans les pays occidentaux, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, de nombreux entretiens, les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang et d'Yves Christen et l'anti-manuel de philosophie de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Éditorial

     

    La passion neutre, par Alain de Benoist

     

    Agenda, actualités

     

    L’entretien

     

    Antoine Compagnon : Pourquoi la littérature ?

     

    Cartouches

     

    Le regard d’Olivier François : Le retour de Boris Savinkov

     

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

     

    Cinéma : La gueule de Johnny

     

    Musique : Magma, la musique en fusion

     

    Champs de bataille : Sur la route de Kolin

     

    Bestiaires par Yves Christen

     

    Sciences

     

    Le combat des idées

     

    Terrorisme : Débat entre Alain Bauer et Hervé Juvin

    Généalogie de la racaille
    Gabrielle Cluzel et Ingrid Riocreux : les délires du féminisme
    La judiciarisation du harcèlement
    Philippe Barthelet décrypte l’écriture inclusive
    Attention féminisme méchant !
    Au loup !
    La Chine plaide pour une écologie des civilisations
    Hannah Arendt contre le réductionnisme sociologique
    A la rencontre d'Hannah Arendt
    Quoi de neuf ? Carl Schmitt !

    Robert Redeker : Vérités sur la mort à l'heure du transhumanisme

    Les hommes du commun à l'ouvrage

    Voir, aimer et sentir avec Michel Déon

     

    Dossier
    Demain, tous crétins ?
    Pourquoi le QI baisse
    Entretien avec Richard Lynn
    Inventaire à la Prévert du con
    Les Mirages de l'intelligence artificielle : entretien avec Cédric Sauviat et Marie David
    Nietzsche et la prophétie du dernier homme
    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot
    Série télé : Billions ton univers impitoyable
    Philo : D'où vient la souveraineté ?
    L’esprit des lieux : L'hommage parisien à Marcel Aymé
    C’était dans Éléments : Le droit des animaux en question
    Éphémérides
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  • Alain de Benoist : « les grands médias ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur le site de réinformation  Breizh info, dans lequel il revient notamment sur le projet de loi annoncé par Emmanuel Macron et destiné à lutter contre la diffusion des  fake news... Philosophe et essayiste, directeur de la revue Krisis et éditorialiste de la revue Éléments, Alain de Benoist vient de publier Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) et Ce que penser veut dire (Rocher, 2017).

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    Alain de Benoist : « les grands médias ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État »

    Breizh-info.com : Que vous inspirent les déclarations d’Emmanuel Macron sur le projet de loi contre les « fake news » ?

    Alain de Benoist : On pense évidemment à Orwell, mais on ne peut pas se borner à dénoncer les menaces supplémentaires que va faire peser sur la liberté d’expression la mise en œuvre de ce nouveau dispositif de censure. Il faut aussi s’interroger sur la notion même de fake news – de « fausse nouvelle » si l’on préfère la langue française au sabir américain. Or, Macron se révèle ici d’une étonnante naïveté, à moins qu’il ne s’agisse seulement de mauvaise foi.

    Il semble en effet s’imaginer que les « nouvelles » sont soit vraies, soit fausses. On aimerait que ce soit si simple ! En matière d’information, la vérité est qu’il n’y a pas de vérité (absolue). L’information objective n’existe pas : elle est toujours le reflet de la subjectivité de qui la fournit. Il y a seulement des journalistes qui s’efforcent d’être honnêtes, et d’autres qui ne le sont pas. A côté de la « fausse nouvelle » manifeste, relevant d’une véritable désinformation, une nouvelle peut être faussée, tronquée, biaisée. La place qu’on lui donne, la façon dont on rapporte les faits, les titres employés jouent également. Un exemple simple : quand la presse fait l’éloge de l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui vient de mourir, en rappelant les noms des écrivains qu’il a lancés et soutenus, sans jamais citer celui de Renaud Camus, qui est l’auteur dont il a publié le plus grand nombre de livres, peut-on dire que l’information est objective ? Il y a des mensonges par omission.

    N’oublions pas non plus que les grands médias, qui se flattent aujourd’hui de « décoder » les fake news chez les autres, ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État, des « armes de destruction massives » de Saddam Hussein jusqu’au prétendu « charnier » de Timisoara. Et que dire des délires antirusses qui feront bientôt attribuer à Poutine la responsabilité des dérèglements climatiques ?

    Dans une société normale, c’est au lecteur de se faire une opinion en lisant des choses contradictoires. On ne peut pas lui mâcher par avance la besogne en lui disant ce qui est digne de confiance (selon quels critères ?) et ce qui ne l’est pas. Ou bien alors, comme dans 1984, il faut tout de suite instituer un ministère de la Vérité – ce dont nous ne sommes d’ailleurs pas très loin. A l’heure où tant de nos contemporains s’emploient à ne pas voir ce qu’ils voient, on pourrait aussi s’interroger sur le statut du réel dans la société postmoderne. « Dans le monde réellement renversé, disait Guy Debord, le vrai est un moment du faux ».

    Comment la presse alternative devra-t-elle s’organiser selon vous demain, entre censure des réseaux sociaux et ce type de projets de loi ?

    Je lui fais confiance. Même dans les pires dictatures, on trouve toujours des moyens de contourner les obstacles. C’est la vieille histoire des fabricants de coffres-forts et des cambrioleurs : les systèmes de protection s’améliorent toujours plus, mais les techniques des perceurs de coffres s’améliorent aussi. Peut-être faudrait-il seulement que la « presse alternative » envisage de se renouveler un peu, pour ne pas se réduire à des commentaires, toujours les mêmes, sur des sujets qui sont toujours les mêmes aussi. Les choses les plus justes, quand elles sont mille fois répétées, finissent par ennuyer.

    Sur Internet et les réseaux sociaux, j’ai toujours été personnellement réservé. Ceux qui ont cru que la Toile allait offrir une « liberté totale » à l’« information alternative » ont à mon avis été trop optimistes. Les libertés incontestables offertes par Internet vont être de plus en plus encadrées, c’est-à-dire limitées. On s’apercevra alors qu’Internet est aussi le plus extraordinaire moyen que l’on ait jamais inventé pour surveiller, contrôler et fliquer.

    Le 1er janvier a vu la création de l’Assemblée territoriale de Corse, collectivité unique dirigée par les nationalistes. Quelle est votre analyse de ces élections de Corse ? Catalogne, Corse, Écosse… Est-ce le réveil de l’Europe des régions ?

    Je me réjouis de ce qui se passe en Corse, mais le « réveil de l’Europe des régions » me paraît assez problématique. D’abord, l’Europe des régions n’implique pas nécessairement le démantèlement des nations, qui sont aussi des réalités. Ensuite, l’analogie que l’on fait communément entre la Corse, la Catalogne, l’Écosse, la Flandre, et pourquoi pas le Kosovo, le Québec, le Kurdistan et le Tibet, est à mon sens assez superficielle. Sur place, les situations sont extrêmement différentes. En la matière, on ne peut donc s’en tenir à des déclarations de principe : il faut aller voir ce qu’il en est concrètement dans chaque cas. L’Espagne n’est pas non plus la Belgique, qui n’est pas le Canada ou la Yougoslavie.

    Et nous ne sommes plus non plus au XIXe siècle, à l’époque où l’indépendance garantissait le maintien de l’identité parce que les frontières étaient ce qui permettait le mieux aux peuples d’être présents à eux-mêmes. Aujourd’hui, les frontières n’arrêtent plus grand-chose : quelle que soit la langue que l’on parle, tout le monde vit plus ou moins de la même manière. Les régions qui subissaient naguère l’hégémonie d’une culture dominante nationale baignent aujourd’hui, comme les nations elles-mêmes, dans une culture de la marchandise qui excède toutes les frontières. L’indépendance, dans ces conditions, n’a plus la même signification qu’autrefois. C’est pourquoi je ne suis pas pour l’indépendance, mais pour l’autonomie.

    Le pape François n’a de cesse d’appeler les populations européennes à accueillir les migrants. N’est-ce pas finalement un message criminel vis-à-vis des populations européennes ?

    Les déclarations du pape François ne sont un problème que pour les chrétiens qui ne les approuvent pas. Ceux qui ne sont pas chrétiens y verront la confirmation qu’il ne faut pas compter, pour défendre son identité, sur une religion qui, face aux menaces, ne sait parler que d’amour, de repentance et de pardon.

    Le pape est dans son rôle quand il appelle à faire preuve d’esprit de charité devant la détresse et la souffrance humaines. Le problème est qu’il confond la morale publique et la morale privée. Pour le reste, il ne fait que prendre plus au sérieux que certains de ses prédécesseurs la vocation universaliste qui est inhérente à la religion dont il se réclame. Saint Paul le disait déjà : le peuple de Dieu ne se confond avec aucun peuple particulier. Tous les hommes sont frères, puisque tous fils du même Père. L’idée même de Dieu unique implique la notion d’humanité. Les autres distinctions, de peuples, de langues, de cultures, ne viennent qu’après – d’autant que le christianisme est aujourd’hui en train de devenir une religion du Tiers-monde.

    C’est évidemment ennuyeux pour ceux qui veulent faire des « racines chrétiennes » un repère identitaire, mais c’est ainsi.

    Qu’attendez-vous de cette année 2018 ?

    Qu’elle débouche le plus vite possible sur le XXIIe siècle !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh infos, 8 janvier 2017)

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  • Une histoire alternative de la philosophie...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier la traduction par Yves Branca de la Nouvelle histoire de la philosophie de Costanzo Preve.

    Philosophe non-conformiste de nationalité italienne, marxiste hétérodoxe, Costanzo Preve, mort en 2013, est l'auteur de nombreux ouvrages, dont trois, Histoire critique du marxisme (Armand Colin, 2011), Éloge du communautarisme - Aristote - Hegel - Marx (Krisis, 2012) et La quatrième guerre mondiale (Astrée, 2013) ont déjà été traduits en français. Au cours des années 2000, il avait noué un dialogue fécond avec Alain de Benoist, qui a contribué à faire connaître son œuvre en France au travers de sa revue Krisis.

     

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    " Fruit de plus de trente ans de recherches, la Nouvelle histoire alternative de la philosophie constitue le testament philosophique de Costanzo Preve. Sa réflexion sur l’effondrement du communisme dans les années 1980 s’est élargie après 1991 à l’histoire de la théorie marxiste, dont il a tâché d’élucider le rapport à la tradition philosophique européenne, puis s’est étendue à l’ensemble de cette tradition. Par un rapprochement de l’homme comme être générique selon Hegel et Marx avec l’homme zoon logon echon (doté de langage et de raison) selon Aristote, il est parvenu à dépasser l’explication matérialiste historique selon Marx et l’ontologie de l’être social selon Lukacs, et à les élever au rang d’une théorie de la vérité philosophique comme totalité conceptuelle de l’expérience humaine, examinée tant sous l’aspect de sa genèse historique que sous l’aspect de sa validité transhistorique. Tel est selon Preve le caractère véritatif de la philosophie, née de l’exigence de la survie communautaire, et qu’il oppose, par une critique récurrente, aux bavardages du relativisme et de la pensée faible postmodernes. Lire cette histoire du chemin ontologico-social de la philosophie, c’est donc s’embarquer dans le roman de toute la culture occidentale, en des temps où se pose la question de sa survie même, menacée par ses propres démons. Costanzo Preve (Turin, 1943-2013) a étudié librement, de 1963 à 1967, la philosophie, l’allemand et le grec classique et moderne, successivement à Paris, à Berlin et à Athènes. Rentré à Turin, il y passe le concours national d’habilitation au professorat du second degré, et enseigne la philosophie et l’histoire, de 1968 à 2002, au lycée Volta. Depuis le début des années 1980, il a publié une centaine d’essais. Yves Branca, né en 1947, a été professeur de lettres en France et de français à Pékin, où il a résidé trois ans (1974-76). Dans les années 1970, il a traduit et présenté plusieurs documents relatifs au communisme chinois et à la « révolte des Taiping (1851-1863) » et collaboré jusqu’en 1978 aux Éditions en Langues étrangères de Pékin. Depuis 1990, il a traduit des romanciers et poètes italiens du Risorgimento comme Alessandro Manzoni, Ippolito Nievo, Giacomo Leopardi. "

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